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Conférence sur la pollution lumineuse et son impact sur la biodiversité

Par Cadev • Activités passées • Lundi 11/10/2021 • 0 commentaires • Version imprimable

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Le 11 octobre 2021, Natagora et le CADEV organisaient une conférence sur les enjeux de l'éclairage sur notre environnement. Nous vous en livrons ici une brève synthèse.

Ce n’est plus un secret pour personne, le réchauffement climatique impactent nos sociétés et nous contraignent à revoir nos usages et conceptions. Mais nous préoccupons nous assez de la grave crise de biodiversité qui nous impacte tout autant ? Certes les lois, normes et règlements ont évolué pour trouver applications jusque dans nos maisons et nous infléchir au changement en vue de rejeter moins de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais qu’en est-il en matière de protection de la biodiversité, des paysages et de notre bien-être ? C’est là que nos vieilles conceptions héritées du passé en matière de progrès et de développement sans limite sont ébranlées. En effet comment assumer un coût environnemental, alors que l’espace de la « nature » vécu comme un ailleurs sans limite, est en fait extrêmement restreint ? Résultat l’artificialisation galopante de l’espace, la fragmentation des paysages, et les pollutions, -et la pollution lumineuse en est une sérieuse !- font que nature se meurt. Nombre d’espèces animales emblématiques disparaissent de nos villages, de nos jardins, et même de nos maisons, à commencer par le hérisson, les chauves-souris, jusqu’aux lucioles et papillons de nuit. Nous retrouvons toujours, là où ils devraient être supprimés, des éclairages publics au milieu des champs, mais aussi aux abords des zones refuges de la biodiversité comme les zones Natura 2000, les Sites de Grand Intérêt pour la Biodiversité (SGIB), les zones humides, et les couloirs écologiques, notamment ceux que constituent les réseaux hydrographiques (voir carte des luminaires de Genappe en illustration). C ’est toute la « trame noire » qui est mise à mal tant la pollution lumineuse est forte dans nos pays industrialisés, en Belgique en particulier. Les photos prises depuis les satellites de la Nasa sont éloquentes.

Une solution ?
Si nous n’y prenons garde le problème sera encore accru avec le remplacement des éclairages publics d’anciennes générations par la génération LED (Light-Emitting Diode = diode électroluminescente), beaucoup moins énergivore. Certes, l’économie d’énergie -ce qui est bon pour la planète !- est très substantielle, à tel point que le programme de remplacement E-Lumin de ORES permet le passage au LED en autofinancement en 10 ans, soit le temps du renouvellement complet du parc des luminaires de nos communes à raison de 10% du parc par an. Mais la différence réside aussi dans un niveau d’éclairement considérablement accru, et donc un impact sur la biodiversité accru. En effet, la température de couleur des anciens luminaires tirant sur le jaune-orange (+/- 2.200°K), passe au blanc-bleu (2.700 à 3.500°K et plus) pour le LED, ce que supporte mal ou pas du tout, la faune nocturne, et perturbe même les végétaux directement exposés. Du coup, l’effet de la fragmentation des paysages par la lumière artificielle augmente, en cloisonnant toujours plus les populations d’animaux lucifuges, et en les isolant ainsi génétiquement les unes des autres. Le brassage génétique empêché conduit à la disparition de ces populations les unes après les autres dès lors que cet effet surajouté aux autres causes, finit de les décimer. Prenons le cas du sympathique hérisson. Dur, dur d’être ce petit animal quand il faut affronter les tondeuses robots, circulation routière, noyades en piscines, feux de branchages, banalisation des jardins, suppressions des jachères, débroussaillages, empoisonnement à l’anti-limaces, parasitoses, … et l’éclairage partout jusqu’au jardin ! Au secours !

Des dispositions à prendre d’urgence !
Ce cri d’alarme, Natagora l’a entendu. S’agissant de l’éclairage public, l’enjeu pour la biodiversité a été développé lors d’un webinaire organisé au printemps, par l’Union des Villes et Communes Wallonnes (UVCW), à l’occasion duquel un représentant du Département de l’Etude du Milieu Naturel et Agricole (SPW – DEMNA) a exposé une méthodologie, assortie de cartographie des communes wallonnes, visant à réduire le nombre de points lumineux. Certaines communes vont plus loin que la suggestion du DEMNA. L’une d’entre elle en Brabant wallon, envisage même un changement de paradigme tel que, pour les prochaines phases du programme E-Lumin, il ne s’agira pas de justifier la suppression de points lumineux équipant une voirie, mais de justifier leur maintien ! Au demeurant, c’est bien sûr aussi au niveau des éclairages privés qu’il convient d’envisager une sérieuse réduction. Raisonnablement, mettons fin aux éclairages sur les façades, sous les débordants de toiture, dans les arbres, sur la pelouse, dans l’étang, et ailleurs, car si c’est pour « faire joli » par plaisir, c’est aussi une mode de nature à polluer la vie nocturne. La sécurité ne justifie pas un éclairage à l’extérieur de la maison, dès lors qu’il y a infiniment moins d’actes inciviques, de violences et d’effractions en zones obscures où la police a l’avantage du terrain, qu’en zones éclairées. Ne confondons pas « sécurité effective » et « sentiment de sécurité », en effet, c’est avec un tel sentiment que par exemple, un automobiliste accélèrera sur une route éclairée, alors que, c’est bien connu, la vitesse au volant est gravement accidentogène pour les usagers, … comme pour la faune sauvage !


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